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LXX.

Le roi s'élève, dans le „Discours sur les Satiriques“ contre ceux qui visent à imiter Juvénal, dans un siècle civilisé où leur verve ne saurait trouver les mêmes sujets d'indignation. Ce ne sont pas les satiriques, ce ne sont pas „d'ignorants et obscurs écrivains“ qui corrigent les Grands, refrènent „la démence de leurs caprices“ , et enseignent aux rois leurs devoirs; c'est l'Histoire: „Elle ne ménage point ces hommes redoutés qui ont fait trembler la terre, elle les juge; et en approuvant leurs bonnes actions et en condamnant les mauvaises, elle instruit les princes de ce qui sera loué ou blâmé dans leur conduite. La sentence des morts apprend aux vivants à quoi ils doivent s'attendre et sous quels auspices leurs noms passeront à la postérité. C'est à ce tribunal que tous les grands sont obligés de comparaître après leur mort et où les réputations sont fixées pour jamais.“

On voit, dans le dessin de Menzel, entre de longues rangées de cercueils qui cachent les restes de princes et de héros, s'avancer deux figures de femmes, la Justice et l'Histoire; la première tient en mains le glaive et les balances, l'autre inscrit sur ses tablettes les noms des morts et leurs titres de gloire. De l'un de ces cercueils glissent déjà la couronne de lauriers flétrie et effeuillée et le cimier du prétendu héros; d'un autre tombe le blason usurpé. La flatterie et l'imposture ne trouvent pas grâce devant les inflexibles déesses.