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CLXXXIII.

Tobias Stusche, abbé du couvent des Cisterciens de Camenz, avait noué avec Frédéric II, peu après la première guerre de Silésie, des relations qui devinrent plus intimes après l'entrevue personnelle qu'il eut avec le roi, en mai 1745, durant la seconde guerre de Silésie, lorsque le quartier-général de Frédéric fut installé à Camenz. C'est au mois d'août de la même année que le roi aurait eu l'aventure bien connue, mais du reste purement légendaire, que voici: des Croates ayant pénétré dans l'église du couvent, à la recherche du roi de Prusse, il ne leur aurait échappé qu'en revêtant à la hâte le froc d'un moine, et en se mettant à chanter au lutrin, à la messe de l'abbé.

Le portrait de l'abbé, ainsi que le cadre orné des armes épiscopales, a tout l'air d'avoir été copié sur un portrait du temps. Il montre le visage fin, spirituel et avenant de cet homme d'Eglise aimable, patriote et dévoué à son roi; le buste est enveloppé dans les plis sombres et soyeux d'une robe ecclésiastique. Les tours du monastère de Camenz apparaissent dans le lointain.