<117> de Pologne; et Frédéric III roulait déjà dans sa tête le projet de sa royauté.

Comme c'est une des actions principales de la vie de ce prince; que cet événement est des plus importants pour la maison de Brandebourg, et qu'il sert de nœud à la politique de Frédéric III : il est nécessaire que nous exposions ici ce qui y donna lieu, par quels moyens on l'exécuta, et tous les détails qui influèrent sur ce projet et sur cette négociation.

L'ambition de Frédéric III se trouvait resserrée, tant par son état que par ses possessions; sa faiblesse ne lui permettait pas de s'agrandir aux dépens de ses voisins, aussi forts et aussi puissants que lui : il ne restait de ressources à ce prince que l'enflure des titres, pour suppléer à l'intrinsèque de la puissance; et, par ces raisons, tous ses vœux se tournèrent du côté de la royauté.

On trouve dans les archives un mémoire raisonné qu'on attribue au père Vota, jésuite :a il roule sur le choix des titres de roi des Vandales ou de roi de Prusse, et sur les avantages que la maison de Brandebourg retirera de sa royauté; on crut même que c'était ce jésuite qui avait inspiré à Frédéric III l'idée de cette nouvelle dignité. On s'abuse d'autant plus, que sa société ne pouvait prendre aucun intérêt à l'agrandissement d'un prince protestant; il est plus naturel de croire que l'élévation du prince d'Orange et les espérances d'Auguste de Saxe, avaient donné de la jalousie à Frédéric III, et excité en lui l'émulation de se placer sur un trône à leur exemple. On se trompe toujours, si l'on cherche hors des passions et du cœur humain les principes des actions des hommes.

Ce projet était si difficile dans son exécution, qu'il parut chimérique au conseil de l'Électeur : ses ministres Danckelman et Fuchs se


a Ce mémoire du père Vota, écrit tout entier de sa main, se trouve dans le premier des vingt volumes in-fol. des Actes de la couronne, à Berlin, aux archives secrètes de l'Etat. Charles-Maurice Vota, originaire de Venise, était alors à Berlin.