<258>vinrent après la révocation de l'édit de Nantes. Notre commerce roulait anciennement sur la vente de nos grains, du vin, et de nos laines; quelques manufactures de drap subsistaient encore, mais elles n'étaient pas considérables. Il n'y avait, du temps de Jean le Cicéron, que sept cents manufacturiers en drap dans tout le pays. Durant la régence de Joachim II, le duc d'Albe opprimait tyranniquement la liberté des Flamands : la sage Élisabeth, reine d'Angleterre, se prévalut de la sottise de ses voisins, en attirant dans ses États les manufacturiers de Gand et de Bruges; ils y travaillèrent les laines d'Angleterre, et obtinrent qu'on en défendit la sortie. Nos manufacturiers n'avaient fait jusqu'alors de bons draps que par le mélange des laines anglaises avec les nôtres; et comme celles-là vinrent à manquer, nos draps tombèrent. Les électeurs de Saxe, Auguste et Christian, suivirent l'exemple de la reine Élisabeth, en attirant dans leurs pays des ouvriers flamands, qui rendirent leurs manufactures florissantes. Le manque de laines étrangères, la décadence de nos manufactures et l'accroissement de celles de nos voisins, accoutumèrent la noblesse du Brandebourg à vendre ses laines aux étrangers; ce qui détruisit presque entièrement nos fabriques. Jean-Sigismond, pour les relever, défendit l'entrée des draps étrangers dans ses États : mais cette défense devint préjudiciable, à cause que les fabriques du Brandebourg ne pouvaient pas fournir les draps dont le pays avait besoin; ce qui obligeait d'avoir recours à l'industrie des voisins. Il y a grande apparence qu'on aurait imaginé des expédients plus heureux; mais la guerre de trente ans survint, et elle renversa les projets, les manufactures, et l'État.

A l'avénement de Frédéric-Guillaume à la régence, on ne faisait, dans ce pays, ni chapeaux, ni bas, ni serges, ni aucune étoffe de laine : l'industrie des Français nous enrichit de toutes ces manufactures; ils établirent des fabriques de draps, de serges, d'étamines, de petites étoffes, de droguets, de grisettes, de crêpon, de bonnets et de bas