<275> sujets; elles se faisaient la guerre, et elles détroussaient même les passants sur les grands chemins; des châteaux massifs et entourés de fossés leur servaient de repaires. Ces petits tyrans, ayant partagé entre eux l'autorité légitime, foulaient impunément ceux qui cultivaient les champs; et, comme il n'y avait point de domination assez bien établie pour faire respecter les lois, le pays était dans le désordre et dans la plus affreuse misère. Les grandes familles qui s'élevèrent pendant cette anarchie, furent les Quitzow, les Putlitz, les Bredow, les Holtzendorff, les Uchtenhagen, les Torgow, les Arnim, les Rochow, et les seigneurs de Hohenstein; ce fut à celles-là que l'électeur Frédéric Ier eut affaire.

Quoique Frédéric Ier les soumît, les états restèrent toujours maîtres du gouvernement : ils accordaient les subsides; ils réglaient les impôts; ils fixaient le nombre des troupes, qu'on ne levait que dans les extrémités, et les payaient; on les consultait sur les mesures qu'il convenait de prendre pour la défense du pays; et c'était par leurs avis que s'administraient les lois et la police.

L'histoire nous fournit plus d'un exemple du pouvoir des états. L'électeur Albert Achille devait cent mille florins :73 il pria les états de se charger de ce payement. Pour cet effet, ils imposèrent une taxe sur la bière, qu'ils n'accordèrent que pour sept ans;a ils la haussèrent dans la suite, et elle devint l'origine de ce qu'on appelle la Landschaft, ou la Banque publique.

Du temps de l'électeur Joachim Ier,74 les états levèrent une taxe


73 En 1472.

74 En 1530. [Nous devons à la source historique d'où le Roi a tiré lui-même ces faits sans les reproduire exactement, les indications suivantes : « En 1527, les états accordèrent une taxe qui devait être payée pendant trois ans, pour l'entretien des deux cents cavaliers que les états devaient fournir contre les Turcs. » — « Les états assemblés à Bernau en 1544 consentirent à une taxe pour augmenter le produit des contributions. Elle devait se lever sur les terres, censes (Hebungen), moulins, et sur les bergeries. »]

a La taxe sur la bière (die Bierziese), levée pour la première fois en 1467, puis en 1472, ne fut fixée pour sept années qu'en 1488. En 1513, elle fut établie à perpétuité.