<VII> causa des scrupules; ils la supprimèrent tout entière, et à sa place ils en intercalèrent arbitrairement une autre, l'Ode sur le Temps. Ils changèrent de même, selon leur bon plaisir, l'ordre à observer dans le classement des poésies : les Stances, paraphrase de l'Ecclésiaste, furent remplacées par l'Ode sur la Gloire, et renvoyées plus loin; les onze Lettres en vers et prose à Jordan et à Voltaire, les six Épigrammes, ainsi que la Palinodie à Darget, ne trouvèrent place que dans trois volumes différents du Supplément; une Épître à Césarion remplaça cette Palinodie. De semblables transpositions ou modifications eurent lieu pour un tiers, au moins, des Poésies posthumes, dont nous possédons une liste renfermant vingt-six pièces; deux, Aux Écraseurs et Congé de l'armée des Cercles et des Tonneliers, qui reparurent dans le premier volume du Supplément, furent remplacées par l'Epître à ma sœur Amélie, par la pièce Sur la lecture du Salomon de Voltaire et par l'épître A Voltaire (Œuvres posthumes, t. VII, p. 166, 277 et 278). Les altérations deviennent manifestes si on compare les poésies avec leur texte antérieur, et avec les reproductions fréquentes qu'on en trouve dans la Correspondance. Les mots omis et les noms propres furent souvent indiqués, ainsi que dans les lettres, par des étoiles, et nous les avons dû deviner. Nous ignorons ce qu'étaient les deux autres tiers de ces poésies, car les manuscrits en sont perdus. Ce qu'il y a de certain, c'est que ces manuscrits passèrent, revus et épurés, des mains de l'éditeur dans celles du compositeur, qui, par une inadvertance insigne, prit le troisième cahier pour le premier, le fit suivre de celui-ci, et plaça le second en troisième lieu. Personne ne s'aperçut de cette incroyable méprise, jusqu'à ce que le traducteur allemand des Œuvres posthumes, à l'attention duquel elle ne pouvait échapper, en donna connaissance, dans sa préface, avec une louable franchise.

Les poésies que l'Auteur n'avait pas rassemblées furent considérées par les éditeurs comme peu dignes de voir le jour; ils ne laissèrent