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ODE I (II). A GRESSET.a

Divinité des vers et des êtres qui pensent,
Du palais des esprits, d'où partent tes éclairs,
Du brillant sanctuaire où les humains t'encensent,
Écoute mes concerts.

Rien ne peut résister à ta force puissante,
Tu frappes les esprits, tu fais couler nos pleurs,
Ton éloquente voix, flatteuse ou foudroyante,
Est maîtresse des cœurs.

Tes rayons lumineux colorent la nature,
Ta main peupla la mer, l'air, la terre et les cieux,
Pallas te doit l'égide, et Vénus sa ceinture :
Tu créas tous les dieux.

Sous un masque enchanteur la fiction hardie
Cacha de la vertu les préceptes charmants;
La vérité sévère en parut embellie,
Et toucha mieux nos sens.


a Jean-Baptiste-Louis Gresset, né à Amiens en 1709, y mourut en 1777.