<V>brassait la totalité des six chants. Conformément au vœu du Roi, Voltaire mit le plus grand soin à cette critique : il loue les vers heureux, et improuve une foule de détails, ainsi que le manque d'ensemble qui se faisait sentir dans le poëme. Le Roi ne se lassa pas d'étudier ces remarques; il mit à profit les observations de son maître, changeant des mots, effaçant des passages, et substituant à d'autres des rédactions améliorées, écrites sur des morceaux de papier collés ensuite au texte; il y a même intercalé des vers entiers composés et cités en exemple par le spirituel critique.
Lorsque le Roi eut mis ainsi la dernière main à ce poëme, il en fit faire une copie pour l'impression. Les deux éditions originales de l'Art de la guerre (Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, 1752, t. I; et Poésies diverses. A Berlin, chez Voss, 1760) ne diffèrent l'une de l'autre qu'en quelques points insignifiants. Notre édition reproduit exactement le texte du t. I des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, 1752, et nous ajoutons sous ce texte les variantes de l'édition des Poésies diverses, 1760, in-4.
Nous donnons comme appendice de ce premier volume des poésies l'Ode VII, Aux Prussiens, et le commencement de l'Art de la guerre, tels qu'ils existent dans les rédactions primitives, et avec les remarques de Voltaire. L'autographe de l'Ode aux Prussiens est la propriété de M. Benoni Friedländer.
En ce qui concerne le titre de Philosophe de Sans-Souci, il faut remarquer que le Roi avait fait inscrire, en 1746, le nom de Sans-Souci en lettres dorées sur la façade de son château de plaisance, qu'il avait commencé par nommer tantôt Vigne, tantôt Lusthaus (Manger, Baugeschichte von Potsdam, p. 36 et 46). Bientôt après, il se mit à dater ses lettres de ce château, par exemple, en écrivant à Voltaire le 15 juillet 1749, et il se plut, dès lors à prendre le titre de Philosophe de Sans-Souci. Voici comme il s'exprime dans une lettre au comte Algarotti, écrite selon toute apparence le 22 janvier 1750 : « Madame Du Boccage me fait bien de l'honneur d'augmenter mes titres. On est généralement de l'opinion que les princes allemands n'en sauraient jamais assez avoir. Je me contente de celui de Philosophe de Sans-Souci, et de votre ami. » Dans la lettre d'Algarotti à Frédéric, du