<107>Si, durant tes beaux jours, tu suivis Épicure,
Par un généreux effort
Tu surpasses Zénon au moment de la mort.
Hélas! qu'est devenu ce cœur si magnanime,
Cet esprit tendre et sublime?
Vit-il encor? n'est-il plus?
Grand Dieu! quel affreux abîme!
Tout est anéanti, l'esprit et ses vertus :
S'il respirait encor, son ombre ou sa pensée
De l'empire des morts se serait élancée
Vers le séjour des vivants,
Pour soulager mes tourments.
Ah! triste souvenir! regret plein d'amertume!
Stoïcisme insensé, vainement tu présume
De garantir l'esprit contre les coups du sort.
J'ai cru mon âme impassible,
A tout malheur insensible;
Je suis détrompé : ta mort.....
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Juste Dieu! quel coup terrible!
Ciel! ma douleur mortelle et m'égare et me perd.
Grand Dieu! ton moment suprême....
Dans ce désespoir extrême,
Ma raison inutile en de si grands revers,
Conspirant contre moi-même,
Rend mes chagrins plus amers.
Hélas! j'ai tout perdu, je perds l'ami que j'aime,
Je reste seul, sans toi, dans ce vaste univers;
Ces jours sont écoulés comme des ombres vaines,
Où nos deux cœurs unis, ne formant qu'un seul cœur,
S'entre-communiquaient leurs plaisirs et leurs peines,
Et ne pouvaient jouir que d'un même bonheur.