<109>Il n'est vice ni mérite;
Ce qui n'est plus n'a qu'été;
J'y vois dans l'égalité
Hector, Achille et Thersite.
Vers ce séjour obscur j'avance promptement,
Mes heures et mes jours volent rapidement;
Ma carrière, au delà de la moitié remplie,
Me présente sa sortie.
Dans peu je te joindrai dans ton noir monument;
Là, dans cet asile sombre,
Je veux m'unir à ton ombre
Et la chérir constamment.
Tandis que le destin m'arrête dans ce monde,
Plein de ma douleur profonde,
Portant au fond du cœur l'empreinte de tes traits,
Nul bonheur ne pourra diminuer ma plainte.
Sous tes funèbres cyprès,
J'irai sur ta cendre éteinte
Renouveler mes regrets,
Mon désespoir, mes alarmes,
Te vouer ces soupirs pour moi si pleins de charmes,
Mes tendres vers et mes pleurs,
Et joncher ton tombeau des myrtes et des fleurs
Qu'auront arrosés mes larmes.
Qu'heureux est le mortel qui peut d'un front serein
Voir de l'affreux trépas les cruelles approches,
Et qui subit son destin
Sans terreur et sans reproches!