<269>De vieux démons c'était la gent inique,
Rusés matois dans leur art diabolique,
Qui, de l'enfer sachant la politique,
Avaient au crime endurci leur tyran.
A l'entour d'eux, des monstres effroyables,
Au noir brasier toujours invulnérables,
Y paraissaient les fiers exécuteurs
De leurs complots, de leurs sombres fureurs.
On y voyait l'Avarice sordide,
Qui recélait des trésors sans desseins;
La Cruauté, le sanglant Homicide,
Faisant brandir un poignard dans ses mains;
Le fol Orgueil, qui sottement s'admire,
En se parant dans ses plumes de paon;
La pâle Envie, aiguisant la satire;
Contre la Gloire elle trame et conspire,
Elle hait tout ce qu'il y a de grand,
Bonheur d'autrui compose son martyre,
C'est des humains le plus cruel tyran;
Le noir Soupçon, guidant la Jalousie,
Et les Regrets, et l'affreux Désespoir;
La Trahison, l'infâme Calomnie,
Qui de Protée emprunta le savoir;
L'Ambition, massacrant ses victimes,
Et la Discorde, entr'ouvrant des abîmes;
L'Induction, offrant un monceau d'or,
La Politique, étalant ses maximes,
Et l'Intérêt, père de tous les crimes;
La Nuit, l'Horreur, les Douleurs et la Mort.
Ces monstres sont plongés dans les désordres;
Par un seul mot, le maître des enfers