<281>Jusqu'à présent très-mal apprivoisés,
A gouverner ils sont très-malaisés.
C'est chez ces gens que le dieu du mystère
Paraît avoir fondé son séminaire.
Pour s'expliquer, nul signe ne fait-on,
Rien ne s'y dit, et chacun sait s'y taire;
On n'y marcha jamais sur le talon;
Les courtisans, ô race sans pareille!
Jusqu'à bonjour se disent à l'oreille.
Mais cependant ce que j'ai vu de bon,
C'est qu'on y boit de la bonne façon,
Qu'également la roture commune,
Comme un boyard, parvient à la fortune.
Si mon destin, dans un moment fatal,
Ne m'eût planté, j'y serais général.
Une princesse, enfin, que je ne nomme,
S'amouracha de Franquin, Dieu sait comme.
Je fis le fier, quoique très-bien venu,
Appréhendant de me rendre connu;
Car bien savez, je pense, l'étiquette
De nos rabbins, et comme l'on nous traite
D'une façon que, de nuit ou de jour,
Le pauvre juif se décèle en amour.
Ce seul penser m'empêcha de me rendre;
Et ma princesse, en entrant en fureur,
Dès ce moment résolut, sans m'entendre,
De préparer ou hâter mon malheur.
Alors mourut la bonne Catherine,
Tout augmenta les troubles intestins;
L'État dès lors pencha vers sa ruine,