<308>A son parti serait bientôt fatal.
Pour l'éviter, il anima de rage
Le fier Waldeck, dont le bouillant courage
Ne respirait qu'après les grands dangers,
Et qui, suivant son naturel féroce,
Ne demandait pas mieux que plaie et bosse.
Il lui cria : Venez pour nous venger!
Waldeck l'entend, il pique, part, s'élance;
Entre ces corps le prince seul s'avance,
Et fièrement il provoque au combat
Des Prussiens qui se croit la vaillance
De l'attaquer. Truchsa sort avec éclat.
Waldeck l'approche, et la fureur le guide.
Truchs à ce prince en deux coupa la bride;
Le fier Waldeck, écumant de courroux,
Atteignant Truchs de son fer homicide,
Et le frappant, lui fend le deltoïde.
Le sang jaillit, Truchs veut se soutenir,
Il tombe enfin comme un coup de tonnerre,
Bien étonné de se trouver par terre;
La voix lui manque, il commence à frémir
En tressaillant; ses yeux sont troublés, sombres,
Et la mort vient le couvrir de ses ombres.
Waldeck en fut bien plus présomptueux :
« Qui de vous tous, dit-il, je le propose,
Après ce coup est assez courageux
Pour m'attaquer? Qu'il se montre, s'il ose;
Tout comme Truchs je saurai le punir. »


a Le lieutenant-général comte de Truchsess, que le Roi met ici en scène, avait été tué à la bataille de Hohenfriedeberg. Voyez t. III, p. 130.