<37>Tu pense ainsi, ta sagesse épurée
N'est point austère, insupportable, outrée;
Dans les moments d'une aimable gaîté,
J'ai vu ta tête, au Pinde révérée,
Du tendre myrte et de pampre parée,
Et je crus voir assise à ton côté
Ton Uranie en Vénus décorée,
Et la Raison, des Grâces entourée,
Qui par principe aimait la volupté.
Viens donc jouir sous un autre Empyrée
Du doux plaisir qui fuit avec le temps;
Hâte tes pas, car, dans cette contrée,
Point de salut pour nous sans des Jordans.
Je t'attendrai sous ces hêtres antiques
Qui, relevant leurs fronts audacieux,
Entrelaçant leurs branchages rustiques,
Et nous donnant leurs ombres pacifiques,
Semblent toucher à la voûte des cieux.
Au lieu, Jordan, de nos riches portiques,
Sous leurs abris simples, non magnifiques,
La volupté régnait chez nos aïeux.
C'est là qu'en paix je vois couler ma vie
Sans préjugés et sans ambition,
Cherchant le vrai dans la philosophie,
Et me bornant à ma condition.
Là, plein du dieu de qui le feu m'inspire,
Je peins en vers quelques légers tableaux,
Et de ma voix accompagnant ma lyre,
Je fais souvent répéter aux échos
Les noms chéris d'amis que je révère;