<II> par la querelle de Voltaire avec Maupertuis, et l'impression ne fut pas continuée. Ce troisième volume n'a donc été ni corrigé par Voltaire, ni reproduit dans une seconde édition. Aussi le Roi ne fit-il pas entrer le troisième volume des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci dans le recueil publié en 1760 sous le titre de Poésies diverses, quoiqu'il sût que ce volume avait paru en France comme l'autre. En effet, le marquis d'Argens avait écrit au Roi, le 18 mai 1760 : « Vous savez sans doute, Sire, qu'on a imprimé en France et à Francfort le second volume de vos ouvrages, contenant des Épîtres et des Lettres à Voltaire. » C'était du troisième volume des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, 1750, qu'il voulait parler.

Le Palladion, que nous avons dû ajouter à ce volume de notre édition, est écrit dans le genre de la Pucelle d'Orléans. L'imitation perce dès le premier vers. La Pucelle commence ainsi :

Je ne suis né pour célébrer les saints,

et le Palladion par le vers :

Je ne suis né pour chanter des héros.

Les diverses parties du poëme de Voltaire, composé vers 1730, avaient été successivement communiquées au Roi, à dater de l'année 1742 (voyez ci-dessous, p. 138), bien que l'ouvrage n'ait été livré à l'impression qu'en automne 1755.

Le personnage principal du Palladion est M. Darget, secrétaire du marquis de Valori. Celui-ci, ambassadeur de France à la cour de Berlin, suivit le Roi dans la première et la seconde guerre de Silésie. Dans les premiers jours de septembre 1740, M. de Valori faillit être fait prisonnier, dans un faubourg de Jaromircz, par le lieutenant-colonel Franquini, chef d'un corps de pandours. Le secrétaire eut la présence d'esprit de se faire passer pour l'ambassadeur, qui fut sauvé par cette ruse. Les deux gazettes de Berlin du 11 septembre 1745 racontent l'aventure dans une lettre facétieuse datée du camp de Sémonitz, le 4 septembre. Il en est fait mention aussi dans notre édition des Œuvres de Frédéric le Grand,