<179>

AVERTISSEMENT.

Le marquis de Valori fait le nœud de tout le poëme; on suppose que le ciel l'a doué de cette rare faveur, que sa présence rend l'armée prussienne invincible. Les saints, qui se fourrent partout, révèlent ce secret au prince Charles de Lorraine; celui-ci tente le projet d'enlever le marquis; après quelques inutiles essais, Franquini, au lieu du marquis, enlève son secrétaire Darget, personnage qui joue son rôle comme un autre dans ce poëme. Les Prussiens, que Valori et la Discorde irritent, pour tirer vengeance de ce prétendu affront, livrent une sanglante bataille aux Autrichiens, où les saints, comme de raison, vont se mêler. Les Prussiens sont victorieux; le fruit qu'ils remportent de cette journée est l'échange de Darget contre un général des Autrichiens, fait prisonnier dans cette bataille. Le prince Charles renonce au projet d'enlever Valori, la rancune cesse, et ensuite l'harmonie se rétablit.

Si quelque lecteur malin ne trouve pas ce sujet assez héroïque pour l'épopée, nous le renvoyons au fameux poëme de la Guerre des rats, au Lutrin ou bien à Vert-vert; et en cas<180> que tous ces ouvrages immortels ne puissent ramener son sentiment, l'auteur prendra le parti de s'en consoler, assuré que la postérité ne pourra cesser d'admirer un ouvrage où elle trouvera fondus ensemble tous les poëmes épiques qui ont été faits depuis Noé jusqu'à nos jours. Pour donner plus de poids à l'ouvrage, on ne manquera pas de faire imprimer à la tête les lettres les plus exagérées de flatterie qu'on aura écrites à l'auteur sur ce sujet, et M. Euler,180-a qui a perdu un œil en calculant, perdra l'autre en résolvant l'important problème du nombre innombrable d'éclats de rire que le monde fera à la lecture de ce grave ouvrage.

<181>

LE PALLADION, POËME GRAVE.


180-a Voyez t. LX, p. 74, et t. X, p. 158 et 196.