<105>Font retentir ces lieux de longs gémissements;
L'œil éploré, baissé, négligeant tous leurs charmes,
Elles vont publier, se baignant dans leurs larmes,
Et vos dangers, et mes tourments.
La mort, l'affreuse mort menace votre vie;
Les dieux, jaloux de leurs bienfaits,
A mon bonheur portent envie,
Et le trépas, d'un bras impie,
S'apprête à déchirer, ô comble de forfaits!
Les vertueux liens de deux amis parfaits.
Non, jamais la nature avare
N'avait de ses fécondes mains
Vu sortir un présent plus parfait ni plus rare
Que celui qu'elle fit vous donnant aux humains.
Peut-être le séjour où l'audace et le crime
Ne cessent de se déborder
Est indigne de posséder
Un cœur si généreux, une âme si sublime.
Hélas! quand je voyais l'univers infecté
De perfides complots, de trahisons atroces,
Malgré de sages lois des mœurs toujours féroces,
Je m'étais cent fois révolté
Contre tant de scélératesse;
Et souvent de l'austérité
Poussant à l'excès la rudesse,
Ma haine confondait sans cesse
Le crime avec l'humanité;
Mais par un retour de sagesse,
Mon esprit rappelait, pour sortir de l'ivresse,
De vos rares vertus la divine splendeur,