<172>Va m'entraîner dans la carrière
Où l'implacable Mars au regard inhumain,
Parmi des tourbillons de flamme et de poussière,
Fait dans des flots de sang rouler son char d'airain.
L'esprit est occupé par des exploits rapides,
Il n'est plus là d'Amour, de Cinyre ou d'Iris;
On ne voit que des Euménides,
Parmi le meurtre et les débris,
Exciter, animer par l'éclat de leurs cris,
Dans l'effort du combat, ces guerriers homicides,
Du vif désir de vaincre et de la gloire épris;
Et l'on n'aperçoit d'autre image
Que rapt, violence et carnage.
Tandis que l'univers ne paraît aspirer
Qu'au noble emploi de réparer
L'immense et mémorable perte
Que l'espèce humaine a soufferte,
Quand la nature enfin va partout s'occuper
Du doux plaisir de reproduire,
Une fatale loi nous condamne à détruire
Tous ceux que Mars a tardé d'extirper.
Eh quoi! la nature féconde
Dans sa profusion n'a pu nous départir
Qu'un moyen pour entrer au monde!
Il en est cent pour en sortir.
Ne devrions-nous pas diminuer le nombre
De ces chemins semés de douleurs et de maux?
Mais l'homme, atrabilaire et sombre,
En invente avec soin chaque jour de nouveaux.
Ah! quelle fureur nous enivre,