<220>Par l'abondance des désirs
Se trouve sans cesse occupée.
Ici l'Amour en badinant
Décoche une flèche dorée
Dont vous sentez incontinent
Dans le cœur la pointe acérée.
Vous soupirez, vous vous troublez,
Soudain vos feux sont redoublés,
Vos sentiments, toute votre âme,
Sont à l'objet qui vous enflamme,
Vous domptez ce cœur rigoureux,
Un moment vous êtes heureux;
Mais l'inconstance vous réclame,
La jouissance éteint vos feux.
Vous quittez donc votre maîtresse,
Et, revenu de votre ivresse,
L'Amour a dirigé vos pas
Vers les filets que tend Sylvie;
Vous y tombez, et votre vie
Se termine par le trépas,
Si vous ne contentez l'envie
De posséder autant d'appas.
Bientôt une autre lui succède;
Vient son tour, et celle-là cède
Votre cœur au nouvel objet
Dont l'Amour vous rend le sujet.
Ainsi courant de belle en belle,
Un heureux instinct vous appelle
A goûter des plaisirs nouveaux.
Des soucis la troupe cruelle,
La prévoyance et sa séquelle,