<222>Au doux parfum de son odeur
S'attache un prix imaginaire.
Ah! nos sens ont tout à risquer
De qui veut métaphysiquer;
La rose, sous la main profane
Qui s'obstine à la disséquer,
Perd tout son éclat et se fane.
Le monde, et sans rien excepter,
S'échappe dès qu'on le pénètre;
L'examiner et le connaître,
C'est apprendre à s'en dégoûter.
Pour moi, qu'une longue infortune,
Le temps et les maux ont flétri,
Sous le fardeau qui m'importune
J'ai fait divorce avec les ris;
Je touche aux bornes de ma vie,
L'erreur de chez moi s'est enfuie,
Et la raison, à mes esprits
Montrant son austère figure,
Me force à suivre son allure,
Et prétend qu'en mes fonctions
Avec son compas je mesure
La moindre de mes actions.
Cette raison a ses apôtres;
Mais dure, inflexible envers nous,
C'est un pédagogue en courroux
Qui nous nuit en servant les autres.
Après tous les destins divers
Que l'un essuie et l'autre évite,
Présents que dans cet univers
Répand la fortune maudite,