<227>De son travail ingrat, dont Léon dix fit cas,
L'écrit au Vatican fut rongé par les rats.
Si cependant, Mitchell, vous désirez d'apprendre
Ce qu'ont dit des auteurs qu'on ne saurait entendre,
Sur leurs pas hasardeux osons nous essayer;
Mais, hélas! ces docteurs n'ont pu que bégayer.
Nous devrons convenir, ignorants que nous sommes,
Que l'Être tout-puissant ne devait rien aux hommes;
Rien n'ayant pu gêner son pouvoir absolu,
Il a pu les former selon qu'il a voulu.
L'éternel artisan, débrouillant la nature,
Ne fit point de contrat avec la créature,
Sans qu'elle y consentît, il lui donna le jour;
Nous fûmes condamnés à vivre en ce séjour
Pour qu'on versât sur nous de deux tonneaux célestes
Des biens si passagers et des maux si funestes.
Mais d'autres animaux sont aussi malheureux;
Tout être éprouve ici des destins rigoureux.
L'homme ne tient-il pas à la nature entière?
Il est un composé des corps de la matière.
Voyez ces éléments en guerre et divisés,
Par leur choc éternel l'un à l'autre opposés,
La chaleur et le froid, et le sec, et l'humide,
Prêts à briser le frein qui les retient en bride;
Et vous vous étonnez du choc des passions,
Enfants séditieux de nos sensations!
L'homme, étant le jouet de la vicissitude,
Joint à quelques vertus beaucoup de turpitude;
Si dans ce tourbillon il se change en effet,
Il ne pouvait pas être impassible et parfait;
C'est de l'Éternel seul l'attribut légitime.