<160>Prêt à récompenser ce sublime courage,
Mars nomma pour vengeur d'un si cruel outrage
L'aîné des Scipions.

Du Tibre désolé le démon de la guerre
Porte, en passant les mers, sur la coupable terre
Le carnage et l'horreur;
Dans les champs africains l'ennemi prend la fuite,
Rome fut délivrée, et Carthage réduite
Sous son nouveau vainqueur.

Dans nos jours criminels, la guerre qui vous mine,
Prussiens, semble annoncer la prochaine ruine
De vos vastes États;
L'Europe frénétique, et l'œil brûlant de rage,
Porte dans votre cœur la flamme, le carnage,
L'horreur et le trépas.

Cette hydre, en redressant ses têtes enflammées,
Vomissant des soldats, enfantant des armées,
Sur nous fond en courroux;
Le monstre vainement de vos mains triomphantes
Sentit l'effort puissant; ses têtes renaissantes
Bravent encor vos coups.

Si la Haine et l'Envie, avides de leur proie,
Pensent traiter Berlin comme Agamemnon Troie
Après la mort d'Hector,
O peuple généreux! abattez leurs trophées;
Leurs couleuvres bientôt sous vos pieds étouffées
Feront changer le sort.