<170>De ces dieux irrités que vous couvrez d'outrage
Les traits sont effacés de vos cœurs malfaisants;
Leur courroux n'a jamais attiré notre hommage,
Mais leur seule bonté mérita notre encens.
Désoler les cités et les réduire en poudre,
C'est dérober aux dieux le redoutable foudre
Dont ils arment leurs bras.
Ah! consolez la terre,
Et bannissez la guerre
De ces tristes climats.

Où tendent ces complots que des ressorts iniques
Font mouvoir à l'envi de vos conseils hautains?
Téméraires mortels, aveugles politiques,
Vous croirez-vous toujours arbitres des destins?
N'apprendrez-vous jamais par tant d'expérience
Combien tous les desseins d'une vaine prudence
Aux revers sont sujets,
Et que de la fortune
L'inconstance commune
Renverse vos projets?

Quels siècles ont produit des mœurs plus détestables
Que cet âge fécond en crimes, en forfaits?
Des pays saccagés, des rois impitoyables,
Oppressant l'univers foudroyé par leurs traits?
L'intérêt et l'orgueil sont leurs dieux en ce monde;
Que du sang des humains le torrent nous inonde,
Leurs jours sont trop payés
Des tyrans qui gouvernent,
Si leurs regards discernent
Les morts sous leurs lauriers.