<203>Osez-vous, féroces chrétiens
Qui jusqu'au sanctuaire, au milieu de vos temples,
D'attentats aux humains fournîtes les exemples,
Calomnier encor les vertus des païens?
Si vous les accusez de crimes,
Furent-ils comme vous barbares et cruels?
Songez au nombre de victimes
Dont l'inquisition a rougi les autels
D'un Dieu qui des âmes sublimes
Exigeait des vertus, non le sang des mortels.
On dirait, en voyant vos bûchers solennels,
Que vous osez offrir vos offrandes fatales
A des déités infernales.
Ah! jusqu'à quand les nations
Souffriront-elles ces scandales
Et l'abus des religions?
Voilà, voilà pourquoi ces monstres à tonsure,
Ces charlatans de l'imposture,
Ces indignes vengeurs des intérêts du ciel,
Pleins d'animosité, de fureur et d'envie,
Ont déclaré la guerre à la philosophie;
Voilà pourquoi ces flots d'amertume et de fiel
Sont répandus sur votre vie.
Le ciel sert de prétexte à leur méchanceté;
Ces fourbes, en tremblant dans leur obscurité,
Craignent que la raison, de sa vive lumière,
N'éclaire de trop près leur infâme carrière,
Et décèle la vérité.
Laissez ramper dans la poussière
Ces fléaux de l'humanité;
Qu'ils mêlent l'injure au bréviaire,