<211>Que dardait la naissante Aurore,
De nos yeux tout prêts à se clore
Chassait les pavots du sommeil;
Et Mars, qui, selon sa coutume,
Se rit d'un catarrhe ou d'un rhume
Gagné dans ses champs périlleux,
Au lieu de la douillette plume,
Nous fournit des lits plus pompeux
Que n'ont les courtisans oiseux
Qui, des voluptés de Versailles,
En étourdis, de nos batailles
Se font les juges sourcilleux.
Une colline en batterie,
Monument de notre industrie,
Fut le magnifique palais
Où des javelles que sans frais
Amassait une main guerrière,
Sans raffinement, sans apprêts,
Nous servaient de douce litière;
La terre portait notre faix,
Et des cieux l'immense carrière
A nos beaux lits formait le dais.
Là, quinze jours, et plus encore,
Nous vîmes la naissante Aurore,
A sa toilette le matin,
Se parer, d'un air enfantin,
Et de rubis, et d'émeraudes,
Scrupuleuse à suivre les modes
Dont Paris inonde Berlin;
Et tous les soirs, au crépuscule,
Tant que dura la canicule,