<56>Sur ton chevet sa cervelle féconde
Conçoit des plans, et mûrit ses écrits
Si promptement publiés dans le inonde,
Et dont Bourdeaux3 connaît si bien le prix.
Mais, mon cher lit, ta nature stupide
N'a point senti jusqu'où va ton bonheur.
Jamais la flamme amoureuse d'Ovide
N'eut pour Corinne une aussi vive ardeur;
Sa passion n'eut point cette fureur
Que ton marquis témoigne pour tes charmes.
Quand il te quitte, en proie à sa douleur,
Il veut en vain nous cacher ses alarmes;
Jamais ne fut un plus fidèle amant.
Plutôt Nisus dans sa course fatale
Aurait trahi son fidèle Euryale;
Plutôt Orphée aurait vécu content,
Seul et toujours séparé d'Eurydice;
Ou Pénélope, absente encor d'Ulysse,
Aurait donné au premier poursuivant
Avec sa main son empire vacant,
Avant qu'on vît ton marquis, le modèle
D'un Céladon, d'un soupirant fidèle,
Quand l'ombre arrive et que le jour s'enfuit,
Passer sans toi la moitié d'une nuit.
Pour ton duvet, qui sent la pourriture,
Et tes vieux draps aussi crasseux qu'usés,
Et tes rideaux déchirés et percés,
Et tes coussins avec la couverture,


3 Libraire de Berlin.