<79>Ne pensez plus à tous ces noirs fantômes,
Ne craignez plus la mort, ni ses symptômes,
Qui jusqu'ici de vos plus heureux jours
Ont sans relâche empoisonné le cours;
Et que mon bras à jamais vous délivre
De ces frayeurs qui troublent votre sort.
Pensez-y bien : vous négligez de vivre
Par la terreur que vous donne la mort;
En attendant, le temps fuit et s'envole.
Déchirez-moi ce vilain protocole
Que vous tenez et de votre urinai,
Et de ce pouls au galop inégal.
Tandis qu'encor Lachésis pour vous file,
Sans toujours craindre et sans toujours ouïr
Ce que vous dit un docteur imbécile,
De votre temps apprenez à jouir.

(Février 1768.)