<83>Bientôt d'autres objets nous font diversion :
De voix et d'instruments la douce mélodie
Par un plaisir nouveau change et diversifie
Tout ce qu'ont prodigué les charmes précédents;
Tant l'esprit des humains se plaît aux changements!
Tantôt c'est l'opéra, tantôt la tragédie,
Ou bien la pantomime, ou bien la comédie,
Qui viennent tour à tour par leur variété
Écarter les ennuis de l'uniformité.
Mais serai-je muet au sujet des actrices,
Ces vestales qu'encor je ne crois pas novices,
Qui, venant étaler leurs grâces, leurs appas,
Semblent briguer l'honneur de passer dans vos bras?
Ce sérail de beautés qui forment les spectacles
N'aiment que leur sultan, respectent ses oracles;
Sa volonté décide et marque leur devoir,
Il fixe leur destin en jetant son mouchoir.
Ce sultan, cher Hoditz, vous le devez connaître;
De ces lieux enchantés n'est-ce pas l'heureux maître,
Génie infatigable, inépuisable, égal,
Et qui, toujours nouveau, demeure original?
Ainsi vos jours heureux sans embarras s'écoulent,
Les Amours enfantins et les Plaisirs les moulent.
Lorsque dans vos jardins, vers la fin d'un beau soir,
La rivale du jour vient de son crêpe noir
Obscurcir les objets de la nature entière,
Vous parlez, et d'abord reparaît la lumière.
Tel Dieu créant ce monde, auquel il se complut,
Dit : Que le jour paraisse! et la lumière fut.
A Rosswalde aussitôt cent raquettes s'élancent,
Et remplissent les airs des feux qu'elles dispensent,