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AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

Nous avons donné plus haut une réimpression exacte des poésies qui se trouvent dans le VIIe et le VIIIe volume des Œuvres posthumes; les éditeurs de ce recueil avaient suivi essentiellement la dernière rédaction du Roi. Nous reproduisons ici des rédactions antérieures de quelques-unes de ces pièces, dont nous avons retrouvé les manuscrits originaux ou des impressions faites du vivant de l'Auteur, mais à son insu; quoique plus imparfaites, elles serviront de preuve du zèle infatigable avec lequel Frédéric cultivait la poésie. En voici la liste.

1o Deux rédactions différentes de l'Ode à mon frère Henri. Le manuscrit de la première porte la date Le 4 octobre 1757, dans les camps auprès de la Saale. Il est tout entier de la main du Roi, et soigneusement corrigé, quatre pages in-4, papier à bordure noire. Cet autographe appartient à M. le bailli Rotger, à Tangermünde.

Le second manuscrit de cette Ode, daté du 6 octobre 1757, se trouve aux archives royales du Cabinet, caisse 365, K, dans une enveloppe portant le cachet du prince Henri, qui y a mis l'inscription Ode du Roi. Cette pièce est écrite en entier de la main de l'Auteur, et également corrigée avec grand soin, quatre pages in-4, papier à bordure de deuil.

2o La 14e et la 16e strophe de l'Ode au prince Ferdinand de Brunswic sur la retraite des Français en 1758, telles que nous les reproduisons dans l'Appendice, se trouvent dans la Vie privée du roi de Prusse, ou Mémoires pour servir à la<148> vie de M. de Voltaire, écrits par lui-même. A Amsterdam, chez les héritiers de M.-M. Rey, MDCCLXXXIV, in-12, p. 127. Cette impression, la première qui ait paru de ce morceau, présente quelques variantes curieuses.

3o Le manuscrit de l'Ode à la duchesse de Brunswic sur la rnort de son fils le prince Henri (Archives royales du Cabinet, caisse 397, D) est de la main de M. de Catt, et corrigé par le Roi. L'indication du lieu et de la date manque, mais on la retrouve dans une lettre à M. de Catt, datée de Strehlen, le 18 novembre 1761, lettre que le Roi avait envoyée à son lecteur avec cette poésie corrigée. Dans la réimpression qu'en donnent les Œuvres posthumes, t. VII, p. 146, cette Ode est assez changée pour qu'on y reconnaisse aisément le travail de l'Auteur.

4o Le manuscrit de l'Épître au marquis d'Argens, Apologie du suicide, est aussi la propriété de M. Rötger. Elle est écrite en entier de la main du Roi, sur deux feuilles in-4 à bordure de deuil; on y remarque des corrections réitérées de la main de l'Auteur. La date manque, et nous n'avons pu la déterminer d'après la correspondance du Roi avec le marquis d'Argens; mais dans les Œuvres posthumes, t. VII, p. 184, l'Épître est datée d'Erfurt, le 23 septembre 1757, époque qui correspond à la mention que Voltaire fait, dans sa correspondance, de cette poésie, dont il a transcrit quelques passages dans l'ouvrage précité, La vie privée du roi de Prusse, p. 102-106, mais d'après une autre rédaction de la main du Roi.

5o Les vers imprimés t. XII, p. 93 et 94, sous le titre de : Au sieur Gellert, furent en réalité adressés à Gottsched (Voyez t. X, p. 158), et ils lui furent remis cachetés, le 16 octobre 1757, vers les neuf heures du soir, à la suite d'une discussion littéraire que l'Auteur avait eue avec ce savant. Nous en reproduisons ici la première impression, insérée par Gottsched lui-même dans son recueil périodique intitulé : Das Neueste aus der anmuthigen Gelehrsamkeit. Leipzig bei Breitkopf, Wintermond 1758, p. 125.

6o La leçon la plus ancienne que nous connaissions de l'Epitre à ma sœur de Baireuth, du 12 octobre 1758, est celle qui se trouve dans les Œuvres du Philosophe de Sans-Souci. Nouvelle édition, plus complette qu'aucune de celles qui ont paru, et enrichie de variantes. Jouxte la copie in-4, imprimée au donjon du château de Sans-Souci, en 1750. A Neuchâtel, 1760, in-12, p. 195-200.

C'est ce texte que nous reproduisons ici. Il diffère beaucoup de celui que nous avons donné t. XII, p. 101-107, soit par les améliorations que le Roi y a faites plus tard, soit par les corrections des éditeurs des Œuvres posthumes.

7o L'autographe de la Lettre en vers et prose à Voltaire forme trois pages in-4 d'une écriture très-serrée, et ne porte pas de date. Il est conservé aux archives<149> royales du Cabinet (Caisse 397, D). Dans la correspondance avec Voltaire, cette pièce est datée Du camp près Wilsdruf, le 17 de novembre 1759. Elle a été réimprimée dans les Œuvres posthumes, t. VII, p. 254; mais la rédaction primitive est plus complète.

8o Le manuscrit de l'Epître à M. d'Alembert est tout entier de la main du Roi, et se trouve aux archives royales du Cabinet (Caisse 397, D). D'Alembert remercia le Roi de l'envoi de cette poésie, par sa lettre du 11 mars 1760. Ce texte paraît préférable à celui des Œuvres posthumes, t. VII, p. 279.

9o Le manuscrit de la poésie intitulée simplement Épître se trouve aux archives royales du Cabinet (Caisse 397, D); il est en entier de la main du Roi. Les Œuvres posthumes, t. VII, p. 304, en présentent une rédaction postérieure et plus correcte.

10o Les deux pièces réunies en une, l'Épître au marquis d'Argens et la Gazette militaire (t. XII, p. 162), en entier de la main du Roi, sont conservées aux archives royales du Cabinet (Caisse 397, D). L'Épître ne porte d'autre litre que les mots Au camp de Bunzelwitz; c'est de là en effet que le Roi l'envoya au marquis d'Argens, ainsi que la Gazette, le 24 septembre 1761.

11o Il existe aux archives royales du Cabinet (Caisses 396, F, et 397, D) cinq rédactions de l'Épître sur la méchanceté des hommes (t. XII, p. 173). Elles sont toutes de la main du Roi, et offrent de nombreuses corrections. Ce ne sont du reste que des fragments. L'une porte la date A Strehlen, ce 9 de novembre 1761; une autre A Strehlen, ce 11 de novembre 1761. Nous donnons la plus complète de ces rédactions.

12o Le manuscrit de l'Épître intitulée, dans les Œuvres posthumes, t. VIII, p. 121, Au marquis d'Argens sur son jour de naissance, se trouve aux archives royales du Cabinet (Caisse 365, L), parmi les papiers laissés par l'abbé de Prades, qui fut lecteur du Roi de 1753 à 1757, temps où cette poésie fut composée. Cette pièce est de la main du lecteur. Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'elle contient des corrections de la même main.

Il existe encore aux archives royales un autographe de l'Ode aux Germains, qui porte la date A Freyberg, ce 29 mars 1760 (t. XII, p. 15), et deux ébauches de l'Épître à ma sœur de Baireuth (t. XII, p. 36); mais ces autographes sont si incomplets, que l'impression en serait peu utile. Il ne s'y trouve que dix-huit strophes de l'Ode aux Germains. Le premier manuscrit de l'Épître à ma sœur de Baireuth, qui forme un tiers du tout, n'a qu'une page, d'une écriture serrée, avec la note suivante de M. de Catt : « Sa Majesté m'a donné ce brouillon, fait quelques<150> semaines après la bataille de Kolin. » L'autre manuscrit, plus complet à la vérité, n'est cependant qu'un brouillon très-imparfait.

Les manuscrits de l'Ode au prince Ferdinand (t. XII, p. 8), du Stoïcien (t. XII, p. 181), de l'Épître au comte Hoditz (ci-dessus, p. 69), de l'Épitre au baron de Pöllnitz (ibid., p. 110) et de l'Épitre à mademoiselle de Knesebeck (ibid., p. 114), se rapprochent tellement du texte de l'édition de 1788, que nous nous bornons à en donner les variantes à la fin de ce volume. Les quatre derniers de ces manuscrits se trouvent aux archives royales du Cabinet; ils sont tous de l'écriture d'un secrétaire, et corrigés par le Roi. Quant à l'Ode au prince Ferdinand de Brunswic sur la retraite des Français en 1758, il ne sera pas hors de propos d'ajouter quelques mots sur son histoire. Le manuscrit original de cette poésie, d'où nous avons tiré les variantes, est conservé aux archives du grand état-major de l'armée, à Berlin (M. 2. B. h. Correspondenz des Königs mit dem Herzog Ferdinand in den Friedensjahren. 1765). A la fin de la pièce, écrite par un secrétaire du Roi, on lit ces mots de la main du copiste : Fait à Grüssau, le 6 avril 1758; le Roi y a ajouté : Corrigé le 26 février, à Potsdam, 1765, et plus bas : Fr. L'auguste Auteur a aussi écrit de sa main, par courtoisie, à ce qu'il semble, et comme dédicace, les mots Ode au prince Ferdinand, tout au haut de la première page, à gauche du titre que le secrétaire avait mis en tête de la pièce. Enfin, on lit, sous l'inscription du Roi, cette note du prince Ferdinand : « Reçu le soir du 8e mai 1765 des propres mains de Sa Majesté le roi de Prusse, au concert. »

A ce volume est joint le fac-similé du commencement de l'Ode à mon frère Henri, rédaction du 4 octobre 1757.

Berlin, le 31 mai 1849.

J.-D.-E. Preuss,
Historiographe de Brandebourg.