<10>Et descendrait anéantie
Dans le sombre empire des morts,
Grand Dieu, ta clémence infinie
Dans aucun sens ne se dénie;
En me condamnant à périr,
Ta bonté se fera connaître.
Est-ce un malheur de ne point être?
Ah! qui n'est plus ne peut souffrir.

Mais si mon âme, en sa durée,
D'Atropos trompe le ciseau,
Et que sa substance épurée
Survive à l'horreur du tombeau,
Cet avenir est plein de charmes,
Je sens des plaisirs sans alarmes,
Je vois un Dieu plein de bonté,
Un Dieu qui, dans sa grâce utile,
Réunit mon âme fragile
A sa divine éternité.

Déjà je vois les cieux qui s'ouvrent,
Déjà je vois mon bienfaiteur;
Les voiles épais qui le couvrent
Ne le cachent plus à mon cœur.
La bonté fait son caractère,
Et des rayons de sa lumière
Je sens mon cœur s'illuminer;
Ce Dieu chérit ses créatures,
Ceux dont les âmes toujours pures
Se soumettent sans raisonner.