<119>A leurs guichets serrures et verrous.
Sa triste torche est bientôt consumée;
C'est peu de feu, mais beaucoup de fumée;
Rien de réel dans un si vain apprêt.
Mais pour avoir cour pareille à son frère,
Hymen emploie un certain émissaire
Que le vulgaire appelle l'intérêt,
Que tout mari, tout cocu débonnaire
Avec respect vous nomme la raison.
C'est, de nos jours, sous cet illustre nom
Que dans le monde il fait son ministère :
Il rajeunit une vieille guenon,
D'un monstre fée, égal à Carabosse,
Par son grand art il aplanit la bosse,
D'une grisette il fait une Junon,
De Messaline un pudique tendron;
Il prend ainsi dans son piége bizarre
L'ambitieux, le prodigue, l'avare,
Le jouvenceau digne d'autres plaisirs,
Et le vieillard qui n'a que des désirs.
De plus, Hymen a certain personnage
Plus séduisant, plus adroit, plus trompeur,
Qui, pour grossir la cour de son seigneur,
S'en va criant : Jeunesse, qu'on s'engage!
Chez notre dieu se cueille cette fleur
Qu'Amour flétrit de son souffle volage,
Que peu d'humains reçoivent en partage;
Ce don des dons vous vient de la pudeur,
Qui va former les nœuds du mariage.
Mais ces liens, par ce fourbe noués,
Et des deux parts rarement avoués,