<128>En injuriant le bon sens.
Laissez-leur passer les revues
Des subtilités inconnues
Des sages, les seuls vrais savants,
Foudroyer de leur anathème,
Et refuser les sacrements,
Ou, si vous voulez, le baptême
A la horde des vrais croyants :
Qu'importent ces égarements?
Mais quand sur vous la foudre gronde,
Damné pour damné, cher abbé,
Jouissez des biens de ce monde.
Qu'à la table la jeune Hébé
Vous verse la liqueur charmante
D'un doux nectar fait pour les dieux;
Qu'au lit une beauté touchante
Réveille cette ardeur bouillante
De vos désirs séditieux;
Que la volupté vous enchante
Par ses présents délicieux.
Suivez ainsi la douce pente
Que la nature bienfaisante
Donne à vos sens ingénieux;
Et croyez que ces saints qu'on vante
Diront un jour en paradis :
Non, dans les biens qu'on nous octroie,
Rien n'égale la vive joie
Qui remplit ces heureux maudits.

Ce 28 de décembre 1755.

Fr.