<234>Qui m'aidera pour chanter leur querelle,
Leur vive ardeur, la force de leur bras?
Les coups tombaient aussi dru que la grêle
Lorsqu'elle vient ravager les moissons
Ou bien briser les vitres des maisons.
L'un, tout en sang, a démis sa mâchoire,
L'autre sa nuque; un autre plaint son dos,
Celui son œil; l'autre dans la nuit noire
S'en va conter sa déplorable histoire;
Tant la fureur acharnait ces héros!
De Pulawski le nombre enfin l'emporte;
On prend la belle, on l'enlève, on l'escorte.
Son beau minois, arrosé de ses pleurs,
Eût adouci le tigre et la panthère;
Mais nos brigands, grossiers, brutaux, sans mœurs,
Avaient le cœur plus dur qu'aucun corsaire;
Et Pulawski dans des monts à l'écart
Va se cacher à l'abri du hasard.
Mais vous, mon roi, pour qui chacun ferraille,
Que faites-vous, mon bénin Stanislas?
Dans votre cour, loin de toute bataille,
Adorez-vous quelques jeunes appas?
Au bal, au jeu vous passez vos journées,
Laissant aller tranquille, de ce lieu,
Le cours obscur des vagues destinées
Selon le gré de Drewitz et de Dieu.