<255>Que de troubler et ruiner leur patrie,
Quoique d'ailleurs accablés d'embarras.
Le désarroi du Turc en Moldavie,
Sa fuite enfin, sa longue léthargie,
En les privant du plus ferme soutien,
Les laissait là ne tenant plus à rien.
S'élève alors monsieur de Cracovie,
Pontife ardent, mais plein de prud'homie;
Comme en sursaut sortant d'un long sommeil,
Il parle ainsi : « Pour le bien de l'Église
Voyez de quoi ma bonne âme s'avise;
Sur tous les points suivez donc mon conseil.
Dans nos malheurs la ferveur est de mise;
Invoquons tous notre divinité,
Et qu'on implore à grands cris la Sottise.
De son palais entendant nos clameurs,
Elle viendra pour essuyer nos pleurs. »
Au même instant, un chacun à sa guise
Et de prier et de se prosterner;
Et tant on fit, que, non sans s'étonner,
Elle arriva par un gros vent de bise,
Et lourdement prit place au milieu d'eux.
« Que vois-je ici? Dieu! quelle est ma surprise!
S'écria-t-elle. O Polonais fameux!
Pourquoi vous vois-je et craintifs et peureux?
Je veux qu'enfin le sort vous favorise,
Qu'à votre tête un guerrier valeureux
Écrase ici ces Russes orgueilleux.
J'ai des dévots, j'ai ce fameux Soubise,
Et cent héros adorés des Français,
Si renommés par tant de nobles traits :