<30>Fait avorter tous mes desseins
Par caprice ou par jalousie.
Sous un titre pompeux asservi, couronné,
Issu d'un sang illustre, à régner condamné,
Le trône n'est pour moi qu'une image illusoire,
Qu'un fantôme trompeur d'une frivole gloire.
Né libre, mais captif auprès d'un trésor,
L'État est ma prison, et mes chaînes sont d'or;
Le soupçon outrageant, animé d'humeur noire,
Prit plaisir à forger, guidé du faux rapport,
Un ambigu contradictoire
D'abaissement et de grandeurs.
Qui jugerait par l'apparence
Jugerait bien de ma puissance;
Mais on sait à quel point les dehors sont trompeurs.
Sevré depuis longtemps des vulgaires erreurs,
J'abandonnai la cour, embrassant la retraite;
Ce séjour écarté, simple et plein de douceurs,
Me tient lieu d'un asile honnête,
Pour me soustraire à la fureur
D'un orage effrayant conjuré sur ma tête.
Là, depuis deux hivers, éloigné de la cour,
A la science, aux arts j'ai pris mon seul recours;
De l'utile philosophie
J'approfondis les vérités;
De la brillante poésie
Au poids de la raison je pèse les beautés.
Dans un repos philosophique,
Loin des bruyantes passions
Qui s'arrogent sur nous un pouvoir tyrannique,
Et dont la violence unique