<494>POLYPHONTE.

Réglez sa destinée.
Vous achetiez sa mort avec mon hymenée;
La vengeance à ce point a pu vous captiver;
L'amour fera-t-il moins, quand il faut le sauver?

MÉROPE.

Quoi, barbare!

POLYPHONTE.

Madame, il y va de sa vie.
Votre âme en sa faveur serait-elle endurcie?

AIR.

Pensez qu'un mot de votre bouche
Pour jamais décide son sort;
Pensez qu'un seul refus farouche
Prononce l'arrêt de sa mort.
Un mot ou le sauve, ou l'opprime;
Son être en vos mains est commis.
Ou bien je l'adopte pour fils,
Madame, ou bien c'est ma victime.

SCÈNE III.

MÉROPE, seule.a

Cruels, vous l'enlevez; en vain je vous implore.
Ne l'ai-je donc revu que pour le perdre encore?
Pourquoi m'exauciez-vous, ô dieu trop imploré?
Pourquoi rendre à mes vœux ce fils tant désiré?
Vous l'avez arraché d'une terre étrangère,
Victime réservée au bourreau de son père.
Ah! privez-moi de lui, cachez ses pas errants
Dans le fond des déserts, à l'abri des tyrans.


a L. c. acte IV, scène III.