<79>Pour nos malheurs est plus réel;
C'est une folle fantaisie,
C'est une sombre frénésie.
Alcippe est amoureux, dit-on,
Mais sa farouche jalousie
Lui verse à grands flots son poison.
Doris, jeune, belle, innocente,
Une Lucrèce en chasteté,
Une Vénus par sa beauté,
Captive sa flamme inconstante.
Par les liens d'hymen unis,
Vous croyez leurs chagrins finis?
Non, chez eux règne l'épouvante,
Le trouble habite en leur maison.
La nuit, le méfiant soupçon
Réveille Alcippe avant l'aurore;
Sa triste et funeste raison
Grossit la peine qui le dévore.
Sans cesse il craint la trahison
De la compagne qu'il adore;
Plus avare de ses yeux doux,
Plus lésineux que Crassus même,
Par cent cadenas et verrous
Il s'assure l'objet qu'il aime;
Mais son esprit, industrieux
A s'épouvanter d'un atome,
Le rend chagrin, triste, ombrageux.
D'un être idéal, d'un fantôme,
Enfin, l'imagination
Fait réaliser la chimère;
Elle change en affliction