<VI>des lettres du Prince royal sont accompagnées de poésies. Ces vers adressés à madame de Wreech sont remarquables, parce qu'ils appartiennent aux premiers essais poétiques de l'Auteur. Frédéric y fait allusion dans sa lettre à Voltaire, du 16 août 1737 : « Une aimable personne, dit-il, m'inspira dans la fleur de mes jeunes ans deux passions à la fois; vous jugez bien que l'une fut l'amour, l'autre fut la poésie. Ce petit miracle de la nature, avec toutes les grâces possibles, avait du goût et de la délicatesse. Elle voulait me les communiquer; je réussis en amour, mais mal en poésie. Depuis ce temps, j'ai été amoureux assez souuvent, et toujours poëte. » L'époque de l'éveil de sa muse est d'ailleurs clairement marquée dans l'Épître VI, à ma sœur de Baireuth, 1734 (t. XI, p. 44) :

Pour moi, jeune écolier d'Horace,
A peine ai-je au pied du Parnasse
Passé mon troisième printemps,
Que, rempli d'une noble audace,
J'ose vous consacrer mes chants.

Le retour de Frédéric à Berlin, son mariage et son séjour à Ruppin et à Rheinsberg interrompirent ses relations avec les habitants du château de Tamsel. En 1748, comme il s'agissait de choisir une dame d'honneur, le Roi écrivit à la Reine sa femme : « Madame de Wreech a fait tant de difficultés pour sa fille, qu'elle ne trouvera pas mauvais qu'on lui préfère la jeune Schwerin, fille du grand écuyer. » Nous retrouvons plus tard la veuve de Wreech dans une situation critique, surtout pendant la guerre de sept ans, où ses terres furent dévastées. C'est dans ce temps-là que le Roi eut occasion de lui écrire, du château de Tamsel même, le 30 août 1758, une lettre de consolation que nous ne considérons plus comme faisant partie de la correspondance de Frédéric avec madame de Wreech, mais seulement, de même que les quatre autres que nous y avons ajoutées, comme une espèce de curiosité, et comme un témoignage des sentiments paternels du monarque pour ses sujets.