<199>Où l'art surtout paraît en sa splendeur,
Surpris, frappé de ce bel édifice,
Dès ce moment abjura son office,
A l'admirer bornant tout son bonheur.

Je vous laisse faire l'application de ces vers, dont la comparaison cadre si bien avec vos vers et le cas que j'en fais.

Voulez-vous que ma muse chante
Le train de ma vie ambulante?
Tantôt rôti, tantôt glacé,
Tantôt haut, tantôt bas percé,
Souvent nageant dans l'abondance,
Et souvent usant d'abstinence,
Par les fatigues harassé,
Jamais rebuté ni lassé,
Quelque sort que le ciel m'envoie,
Méprisant les vaines erreurs,
Et toujours simple dans mes mœurs.
Je suis plus enclin à la joie
Qu'aux mélancoliques vapeurs
Dont la cruelle frénésie
Empoisonne de ses noirceurs
Les plus beaux jours de notre vie.

Si vous voyiez couleur de chair, vous seriez le plus aimable et le plus heureux mortel que Dieu eût créé; mais comme il n'y a rien de parfait dans ce monde, vous ne serez qu'aimable. Je vous prie, mettez-vous l'esprit en repos sur l'Europe. Si l'on voulait prendre à cœur toutes les infortunes des particuliers, la vie humaine entière ne serait qu'un tissu d'afflictions. Laissez à chacun le soin de démêler sa fusée comme il pourra, et bornez-vous à partager le sort de vos amis, c'est-à-dire, d'un petit nombre de personnes. C'est, en honneur, tout ce que la nature a droit de demander d'un bon citoyen; sans quoi notre cerveau ne fournirait point assez d'humidités pour les larmes que nous aurions à répandre.