<318>Des sons délicats et nouveaux
Font que j'applaudis, que j'admire
Que, dans l'arrière-saison,
Le feu, l'imagination
D'une veine jeune et féconde
Anime, embellisse et seconde
Les efforts de votre Apollon.
C'est ainsi que, malgré votre âge
Et le bras destructeur du Temps,
Les grâces et les agréments
Sont demeurés votre partage.
Que font des cheveux blanchissants
Et quelques rides au visage
Lorsque l'esprit n'a que quinze ans?
C'est un oiseau digne d'encens,
Logé dans une antique cage.
Conservez dans vos charmants vers
Le brillant feu de votre aurore,
Et parez des présents de Flore
Les tristes glaçons des hivers.
Ainsi puissiez-vous vivre encore
Jusqu'à la fin de l'univers!
Tandis que ma muse légère,
Dans sa fantasque carrière,
En badinant fait ces tableaux,
Dieux! quelle douleur immortelle,
De qui l'accablante nouvelle
Glace mon sang dans ses vaisseaux!
La Mort, de ses ailes funèbres,
Vient de couvrir de ses ténèbres
Mon tendre ami, mon cher Jordan.
Je le pleure, hélas! sans ressource,
Il est emporté par la course
Du plus impétueux torrent.
Des arts c'était le tendre amant,
Et, dans les jardins d'Uranie,
Son aimable philosophie
Et ses sceptiques entretiens