<76>Ou, si l'on veut, même en plein consistoire
Qu'on fasse aveu de ses honteux secrets.
Et pourquoi donc ton style lamentable?
Ne me plains point, mon cas est supportable,
Mon tribunal n'est qu'à la Faculté.
A son arrêt je reprends ma santé,
Et dans l'instant tout mon mal est au diable.

Malheur aux maris qui ont de mauvaises femmes, ou aux femmes qui ont de mauvais maris! Pour moi, je n'ai que la fièvre; des pilules, des poudres, des gouttes, des clystères plaideront si bien pour moi, que vous n'aurez plus besoin de lamentations.

Adieu, Jordan. Je crois que je serai lundi à Charlottenbourg.

18. AU MÊME.

Potsdam, 24 septembre 1740.

Très-respectable inspecteur des pauvres, invalides, orphelins, fous, et des Petites-Maisons, j'ai lu avec une mûre méditation la très-profonde lettre jordanique que je viens de recevoir, et j'ai résolu de faire venir votre savant fourré de grec, syriaque et hébreu. Écris à Voltaire que, quoique je l'aie refusé, je me suis ravisé, et que je voudrais de son petit Fourmont diminutif.a

J'ai vu ce Voltaire,b que j'étais si curieux de connaître; mais je l'ai vu, ayant ma fièvre quarte et l'esprit aussi débandé que le corps af-


a Étienne Fourmont, mort en 1745, était un des érudits les plus laborieux du commencement du dix-huitième siècle. Frédéric lui compare ici en badinant M. Charles Du Molard, qui lui avait été recommandé par Voltaire. Voyez la lettre de Frédéric à celui-ci, du commencement d'octobre 1740.

b Voyez ci-dessus, p. 48.