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VI. LETTRES DE FRÉDÉRIC AU COMTE DE GOTTER. (14 novembre 1742-6 janvier 1753.)

Gustave-Adolphe de Gotter, né à Gotha le 26 mars 1692, fut créé baron par brevet impérial du 6 août 1724, et entra au service de la Prusse en 1725. En 1728, il fut nommé ministre d'État, et en 1732 ministre plénipotentiaire à la cour de Vienne. Le 17 septembre 1740, il devint grand maréchal de la cour du Roi, et le 29 octobre de la même année, Frédéric le fit comte. En 1744, il devint un des quatre curateurs de l'Académie des sciences; en 1753, enfin, grand-maître des postes et vice-président du directoire général de la guerre et des finances. Il mourut à Berlin le 28 mai 1762. Madame de Schelling, femme du célèbre philosophe de ce nom et fille du poëte Gotter, qui lui-même était petit-neveu du comte de Gotter, a bien voulu nous communiquer les soixante-deux lettres de Frédéric au comte (du 6 octobre 1732 au 6 janvier 1753) qu'elle possède, et qui montrent que le Roi rechercha toujours avec empressement la société de cet homme distingué et sa conversation, qui était fort agréable. Néanmoins les lettres de Frédéric au comte de Gotter ressemblent beaucoup à ses lettres au feld-maréchal Keith, à Maupertuis, au baron de Pöllnitz, au comte de Hoditz, au général Antoine de Krockow, etc., dont la conversation était également un des besoins de sa vie; on n'y trouve pas l'expansion qui distingue ses correspondances avec Suhm, Camas, Jordan, avec le marquis d'Argens, Fouqué, Voltaire et d'Alembert, correspondances où il ouvre son cœur sans réserve. Toutes les lettres en français adressées par le Roi au comte de Gotter, et dont nous avons choisi dix-neuf, ont été écrites par un conseiller de Cabinet, et se terminent, pour la plupart, par la formule : « Sur ce, je prie Dieu, » etc. Frédéric, en les signant, a ajouté à quelques-unes d'entre elles des post-scriptum de sa main.

Du reste, nous renvoyons le lecteur au t. II, p. 64 et 70, où le Roi parle de la mission diplomatique du comte de Gotter à Vienne, en décembre 1740, et au t. X, p. 113-124, Épître au comte Gotter. Combien de travaux il faut pour satisfaire des épicuriens. Dans sa lettre au marquis d'Argens, du 29 avril 1762, le Roi exprime l'affliction que lui fait éprouver la mort prochaine du comte de Gotter.