<111> bien heureux, tandis que moi, j'ai toujours de la peine à digérer les poulets, et je me vois exclu de la bonne chère et presque de la bonne compagnie. Les nouvelles qui occupent le plus ici sont nos différends avec la république de Gênes, qui seront sans doute terminés à l'amiable, et la négociation de M. de Löwendal pour entrer au service des Vénitiens. L'opéra de V. M. attend mon retour, sans doute pour avoir un admirateur de plus.

Quant à moi, j'attends à tout moment des nouvelles précises touchant la qualité des chemins et la hauteur des eaux, qui sont maintenant débordées par la fonte subite des neiges qu'il a fait, pour me déterminer si je prendrai le chemin du Tyrol ou de Vienne. Celui que je croirai me mener le plus tôt aux pieds de V. M. est certainement celui que je croirai le meilleur, et que je choisirai.

94. AU COMTE ALGAROTTI.

Potsdam, 30 juillet 1754.

J'ai reçu votre lettre par laquelle vous me marquez que votre mauvaise santé vous oblige de me demander votre congé. C'est pour la seconde fois que je vous l'accorde. J'aurais cru que votre air natal vous aurait mieux traité, et qu'il ne vous aurait pas fait perdre votre santé, qui me parut très-bonne lorsque vous partîtes d'ici. Je souhaite qu'il répare le mal qu'il vous a fait, et sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

Federic.