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131. LE COMTE ALGAROTTI A M. DE CATT.

Bologne, 11 avrila 1761.



Monsieur,

Je réponds à deux lettres dont vous m'avez honoré, monsieur, de la part de S. M. presque en même temps. Je voudrais bien qu'Horace, militiae quanquam piger et malus,b fît un peu ma cour au plus grand d'entre les héros. La tâche de la campagne prochaine sera sans doute pénible; mais il faut de vrais miracles pour les véritables apothéoses, et le Roi continuera à en faire. Je prends la liberté de joindre une lettre au Roi du père Martini, auteur de l'Histoire de la musique, que S. M. devrait avoir reçue à l'heure qu'il est. Je le crois digne de présenter son travail au Roi, parce qu'il est estimé de M. Quantz,c et que, au milieu de la corruption moderne, il conserve dans ses compositions la dignité de l'ancienne musique.

Je suis charmé, monsieur, d'avoir une pareille occasion de vous dire combien je me félicite de pouvoir vous marquer l'estime parfaite avec laquelle j'ai l'honneur, etc.


a La réponse de M. de Catt, qu'on lit ci-dessous, commence par ces mots : « La lettre dont vous m'avez honoré le 21 d'avril, etc. »

b Horace, Épîtres, liv. II, ép. 1, v. 124.

c Fameux joueur de flûte, qui avait donné des leçons à Frédéric dans sa jeunesse. Voyez Friedrich der Grosse, eine Lebensgeschichte, von J. D. E. Preuss, t. III, p. 480-483, et l'ouvrage du même auteur intitulé : Friedrich der Grosse mit seinen Verwandten und Freunden, p. 340 et 341.