<21> critique à cette lecture, et que vous avez cru que c'est toujours beaucoup lorsque l'ouvrage d'un roi peut atteindre au médiocre.

Je passe au sujet le plus solide de votre lettre, où il s'agit de votre personne et de mes intérêts. Je vous avoue que je connais peu ou, pour mieux dire, personne qui ait, autant que vous, des talents pour toutes les choses généralement. Je suis sûr que vous êtes capable, plus que qui que ce soit, pour être employé dans des affaires solides; mais par cela même, mon cher Algarotti, souvenez-vous du caccia riserbata. Il faut vous réserver pour de bonnes occasions. Ma négociation avec l'Angleterre se terminera vers le retour du Captaina en Angleterre, et vraisemblablement alors tout doit être fini et réglé. Mais il se pourra trouver des endroits où vous me serez infiniment plus nécessaire, et où il s'agira de connaître premièrement le terrain. Je vous réserverai pour les bonnes occasions. Mais cependant, si entre ci et ce temps-là vous avez envie de faire quelque voyage, je m'offre volontiers à vous en fournir les frais d'une façon convenable, et de vous donner un titre qui pourra vous acheminer à quelque chose de plus haut. Parlez-moi naturellement, et soyez persuadé que je me ferai un plaisir de vous obliger et de faire votre fortune. Mais soyez toujours rond et sincère. Parlez-moi sans détour, et ne me cachez jamais vos vues et vos idées; tant qu'elles seront faisables, je n'y serai jamais contraire. Mais il est bien naturel que je commence par penser à moi-même, et que je ne me prive point du plaisir de vous voir, sans que j'en aie une raison d'intérêt suffisante, ou que vous ayez envie de faire un voyage pour quelque temps.

Vous connaissez l'amitié et l'estime que j'ai pour vous.


a Le Roi veut parler du roi d'Angleterre, qui était alors à Hanovre. Il dit dans le Palladion (t. XI, p. 253) :
     

L'Anglais mordant, trop fier en son domaine,
Nomme son roi le seigneur capitaine.