<65>vous encore souvent le plongeon? irez-vous à Dresde, à Venise, à Vienne, ou à Rome? êtes-vous conseiller de guerre du roi de Pologne, ou son ambassadeur nommé auprès de votre patrie? En un mot, jusqu'où peuvent aller les prétentions que nous avons à faire sur votre personne? Adieu; j'attends toutes ces réponses de votre propre bouche, et j'aurai alors la satisfaction de vous assurer de mon estime.a

42. DU COMTE ALGAROTTI.

Potsdam, 11 mars 1748.



Sire,

Je renvoie à Votre Majesté un écritb dont j'aurais bien voulu garder copie. J'y ai vu les différents états du Brandebourg par rapport à l'industrie, au progrès des arts et des sciences; mais j'y ai vu encore mieux ce génie qui, ayant égalé les plus grands hommes de Sparte par ses exploits, égale maintenant les plus grands d'Athènes par ses écrits. Rien de mieux raisonné, de plus varié, de plus rapide que le corps de l'ouvrage; rien de plus beau que l'introduction et la conclusion. C'est un édifice admirable, orné d'une superbe façade, et dont le fond de la cour est décoré par de somptueux portiques. Réflexions, comparaisons, tout est de la dernière justesse, de la première beauté. L'érudition fortifie le raisonnement, et on y goûte les fruits sous l'agrément des fleurs. Le conquérant de la Silésie, le législateur de la Prusse, l'architecte de Sans-Souci, le compositeur des


a Voyez t. XIV, p. 109.

b Algarotti parle de la dissertation Des mœurs, des coutumes, de l'industrie, des progrès de l'esprit humain dans les arts et dans les sciences. Voyez t. I, p. XXXVII, et p. 243-273.