<98>conté à V. M. une partie des accidents qui me sont arrivés en chemin. Verser, casser la voiture, être quatorze heures à faire trois milles, cherchant les chemins sous les neiges, ont été les suites du voyage. Étant arrivé hier au soir, après des peines infinies, avec un mal de gorge et un peu de fièvre, on m'a annoncé qu'il me serait impossible d'avancer du côté de Cobourg; les roues de devant de mon carrosse étant trop basses, je n'aurais jamais pu faire chemin à travers les neiges, qui étaient plus fortes que jamais; que, en traîneau, on ne pouvait pas aller; que la poste ordinaire avait retardé plus de douze heures, malgré la hauteur des roues de ses chariots, et que, si les neiges venaient à se fondre, j'aurais été obligé de rester dans quelque misérable village quatre ou cinq jours; finalement, que la seule route qui me restait à prendre pour aller en Italie, quoique très-longue, était celle de Dresde, de Prague et de Vienne, où les chemins étaient battus, et où je n'avais rien à craindre des eaux. Après bien des consultations, j'ai pris le seul parti qui me restait à prendre, et je suis arrivé, il y a un quart d'heure, à Leipzig. J'ai cru de mon devoir, Sire, d'avertir de tout cela V. M., et, quoique mon changement de route était une chose nécessaire, d'en attendre l'agrément de V. M.

82. AU COMTE ALGAROTTI.

(Février 1753.)

Si vous ne pouvez pas passer par Cobourg, il vous convient sans doute mieux de prendre le chemin de Vienne, et je m'y oppose d'autant moins, que je suis persuadé que je n'ai rien à appréhender de votre part, et que vous agirez envers moi en honnête homme. J'ai