<168> disgracieux. Voilà, Sire, tout ce que la critique la plus sévère a pu me fournir. Le reste de votre ode est admirable et à l'abri de toute censure, et j'ose même dire de toute mauvaise chicane. Tout y est sublime et cependant de la plus grande clarté; tout y est hardi, mais correct, et la vivacité des pensées ne porte aucun préjudice à la justesse des expressions. J'ai l'honneur, etc.

120. AU MARQUIS D'ARGENS.

Avril 1760.

Le vers de l'Épître au maréchal Keith peut être corrigé ainsi; alors il n'y a qu'un mot de changé :

Allez, lâches humains, que les feux éternels, etc.a

Voici la stropheb que vous réprouvez, telle que je l'ai corrigée :

Ah! si ce sang coulait, comme au temps de vos pères,
Pour abaisser l'orgueil de ces rois sanguinaires,
De ces usurpateurs dont le fer s'est soumis
De vos vastes États les plus riches provinces.
Rivaux toujours jaloux, éternels ennemis
De votre liberté, de vos droits, de vos princes!
Mais vos cruels armements
Souillent vos bras parricides,
Guidés par les Euménides,
Du meurtre de vos parents.

Voilà, mon cher marquis, tout ce que j'ai pu faire pour votre service. A présent le démon de la guerre chasse celui de la poésie, et le


a Voyez t. X, p. 236.

b Cette strophe fait partie de l'ode aux Germains. Voyez t. XII, p. 20.