<185>fusion générale. Si elle se débrouille heureusement, je serai à vous; sinon, faites mon épitaplie. Adieu, mon cher; je vous embrasse.

128. AU MÊME.

(Schlettau. près de) Meissen, 14 mai 1760.

Voilà ce qui s'appelle une lettre; il y a de quoi y répondre, et je rends grâces à votre rhumatisme de me l'avoir procurée. Vous voyez que toutes les espérances de la paix sont évanouies; vous voyez que nos ennemis font les plus grands préparatifs. J'aurai dans trois semaines deux cent vingt mille hommes sur les bras; j'en ai à peu près la moitié, de sorte qu'il est aisé de comprendre qu'il faut nécessairement que je périsse du côté où je serai le plus faible, et où je ne pourrai rien opposer au nombre qui m'accable. Il ne me reste donc qu'une ressource,a qui n'est pas certaine; si celle-là vient à s'évanouir, je dois m'attendre à ce que les événements m'annoncent et à ce que le raisonnement ordinaire me prouve. La tête me tourne régulièrement trois ou quatre fois par jour, que je me tue à trouver des expédients, et que je n'en saurais venir à bout. Les Français sont ensorcelés, je crois, et il n'y a rien à faire avec eux; je ne leur présage rien de bon de leur conduite, qui est faible, pitoyable et indigne du rôle qu'une grande monarchie doit jouer. Les flottes anglaises vont entrer incessamment en mer; la Martinique, Montréal, et peut-être Pondichéry, seront les objets de leurs conquêtes, et les Français apprendront combien de mal leur font des...... qui gouvernent. Je


a C'est-à-dire les Turcs et les Tartares. Voyez t. IV, p. 207 et 208, 258 et 259, et t. V. p. 42.