<212> un pressentiment qui ne s'est jamais démenti, et qui me dit qu'il arrivera quelque événement heureux. Si le prince Ferdinand, qui, avec le nouveau secours qu'il a reçu, est aujourd'hui aussi fort que les Français, vient à les battre, cela nous mettra à l'aise du côté de la Saxe, où il pourrait alors faire un détachement considérable. Enfin, Sire, pourvu que vous conserviez votre personne, tout se rétablira avec le temps. V. M. m'a lait l'honneur de m'écrire que Glatz était perdu; mais l'on assure ici qu'il n'y a que la ville de prise, et que la citadelle n'est point encore entre les mains des Autrichiens, et il semble, par les articles de Vienne insérés dans toutes les gazettes, que la citadelle n'est pas encore prise. Je souhaiterais bien que ce bruit fût véritable; mais, V. M. ne m'ayant fait aucune mention de la citadelle, je crains bien qu'elle ne soit prise. Mais, quand cela serait, voilà aujourd'hui toutes les autres places délivrées, la saison avance, et dans six semaines le temps des siéges commence à passer, surtout si, comme j'en suis convaincu, nous ne perdons point de bataille. Si nous en donnons une, nous la gagnerons; mais je donnerais, malgré cette idée où je suis, tout ce que j'ai dans le monde pour qu'il n'y eût point de bataille le reste de cette campagne. J'ai l'honneur, etc.

141. AU MARQUIS D'ARGENS.

(Neumarkt) 17 août 1760.

Dieu est fort dans les faibles; voilà ce que le vieux Bülowa nous répétait toutes les fois qu'il nous annonçait la grossesse de sa prin-


a M. de Bülow, ministre de conférences saxon, résida à Berlin, en qualité d'envoyé de Saxe, depuis 1740 jusqu'en 1756, avec quelques interruptions.